L’EFFET CHARLIE: ET APRES?

upa-admin 07 Haziran 2015 1.672 Okunma 1
L’EFFET CHARLIE: ET APRES?

Assistons-nous à un signe avant-coureur d’une guerre de religion? Est-ce le début d’une nouvelle ère de violence qui n’épargnera peut être aucune nation? Qu’est-ce que le radicalisme veut atteindre en commettant de tels actes? Pourquoi cela se produit-il? Existe-t-il une solution?

Ce sont quelques questions qui apparaissent dans les débats et les articles quotidiens à la suite des événements de Paris. Il est crucial d’étudier les origines de cet état des choses notamment des points de vue du moyen-orient et du monde musulman, afin de fournir une analyse solide et un pronostic pratique.

Dans l’ensemble, le motif direct ou au moins connu derrière les attentats de Paris (qui a coûté la vie à des chrétiens, des juifs et des musulmans) était la moquerie envers le Prophète Mohamad dans les caricatures publiées par l’hebdomadaire français Charlie Hebdo. Ces caricatures, parmi d’autres actes similaires, ont provoqué des millions de musulmans qui ont instantanément manifesté et dénoncé ces actes.

Est-ce une guerre entre l’islamisme et l’Occident? La réponse est simple: Non.

La communauté musulmane en Europe et dans le monde a condamné les attentats de Paris. Cette position a été clairement reflété dans la déclaration faite par le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, qui s’est opposé à toutes les formes de violences, mais en condamnant tout outrage ou insulte dirigée envers le Prophète Mohamad, qui serait ressentie comme “un poignard planté” dans le cœur des musulmans.[1] D’autres prises de position similaires ont suivi, surtout la décision de Charlie Hebdo, de réimprimer les caricatures du Prophète Mohamad. Le Qatar, par exemple, a vu dans cet acte “une alimentation de la haine et de la colère”.[2]

Il est vrai que la réaction violente et le crime qui a été commis comme une réponse aux caricatures publiées était inacceptable et fermement condamné, mais l’incident a posé la question de la liberté d’expression à un second niveau de discussion. Pour le Pape Francis, il y a des limites à la liberté d’expression. Commentant ces caricatures, le Pape Francis dit: “La liberté religieuse et la liberté d’expression sont des droits fondamentaux, mais ils ne sont pas des libertés totales. Il y a une limite, chaque religion a sa dignité. Je ne peux pas moquer une religion qui respecte la vie humaine et la personne humaine.”[3] Ainsi, il est crucial d’avoir des limites claires à la liberté d’expression et de parole et d’établir l’égalité de traitement afin de ne pas accorder la liberté d’expression sur des questions spécifiques et à punir l’auteur dans d’autres cas.

Malgré les malheureuses pertes humaines, le seul bénéficiaire de cet incident était le magazine lui même. En quelques heures, le magazine a atteint une popularité sans précédent dans le monde entier ainsi qu’un énorme soutien financier probablement de sympathisants, versé au magazine hebdomadaire, qui a été en mesure d’étendre son édition limitée de 60.000 à 5 millions d’exemplaires, vendus en quelques heures.[4]

Néanmoins, la question va au delà de la liberté d’expression et l’incident de Paris lui même, comme la question du radicalisme, ne peuvent être réduits à ce raccourci.

Il y a quelques mois, un attentat terroriste a frappé la capitale du Canada, seulement deux jours après une autre attaque commise contre un soldat canadien. Beaucoup d’autres attaques terroristes similaires ont eu lieu à travers le monde, y compris dans des pays musulmans et du moyen orient. Il pourrait être difficile d’évaluer les motifs des djihadistes eux même dans l’exécution de leurs attaques, chaque djihadiste ayant ses propres croyances, sa propre psychologie et conditions. Cependant, nous pouvons souligner une confluence de facteurs divers qui ont facilité l’apparition du phénomène djihadiste qui en retour, a facilité la capacité d’organisations radicales à recruter plus de djihadistes.

Le premier facteur est l’absence d’une référence religieuse. Jusqu’à l’effondrement de l’Empire  Ottoman  à la suite de la première guerre mondiale, les musulmans avaient une référence – le Sultan[5], le Sultan que l’on a connu pour sa sagesse, sa piété et son savoir était la référence unique ordonnant la vie des musulmans. Avec l’effondrement de l’empire en 1923, cette référence a disparu et des forces islamiques ont essayé de redonner vie à l’état islamique.

La première tentative était celle d’une organisation connue sous le nom des “frères musulmans” établie en 1928, suivie par des centaines d’autres groupes, mouvements et de partis. Chaque mouvement, avait sa propre compréhension et interprétation de l’Islam et du terme “djihad” ce qui a mené dans de nombreux cas à des interprétations austères de la religion.

Le deuxième facteur qui a joué un rôle crucial dans l’apparition de ces groupes et a facilité le recrutement d’un nombre croissant de djihadistes est les mauvaises pratiques de l’ouest, particulièrement les États-Unis. A cet égard, l’ancien Premier ministre Français Dominique de Villepin a déclaré qu’il tenait la politique étrangère occidentale comme responsable de la multiplication de points chauds de terrorisme dans le monde entier, considérant l’ISIS comme “l’enfant déformé” de cette politique. De Villepin a qualifié la politique étrangère occidentale d’arrogante  et d’irrégulière, pressant l’Europe et les États-Unis à apprendre des expériences précédentes.[6]

De même, dans un entretien avec la Télévision Newsmax, l’ancien membre du Congrès américain Ron Paul soutient que les djihadistes ou les radicaux existent dans toutes les religions et qu’ils n’attaquent pas l’Ouest à cause de sa liberté et de sa prospérité.

Il affirme que ceux qui commettent des attaques terroristes viennent de pays que les États Unis ont occupé et ou des milliers ont été tués. Ron Paul fait aussi remarquer que le jour où les attaques de Paris ont fait 17 victimes, des bombes américaines ont tué 50 personnes “civiles” en Syrie, mais exclus des rapports quotidiens.[7]

Un autre exemple est le meurtre de 17 journalistes, parmi 2143 autres palestiniens pendant la dernière agression d’Israël sur la bande de Gaza, sans recevoir le minimum de l’attention accordée aux quatre journalistes tués à Paris il y a quelques semaines. En conséquence, ce sentiment d’inégalité augmente jour après jour et incident après incident, menant à plus de frustration et de mécontentement.

Un troisième facteur peut être la prolifération de problèmes économiques et de griefs politiques et sociaux profonds dans le monde arabe et les sociétés musulmanes, associés à la frustration et au manque de confiance en des régimes considérés comme occidentalisés. Avec la fièvre du printemps arabe, tout ceci a joué sans doute en faveur d’autres forces islamistes; qui étaient précédemment privés de leurs droits, expulsés et même exécutés par leur propre régimes.

Dans la coquille de noix, il faudrait concéder que l’armée à elle seule ou des actes sécuritaires ne résoudraient pas la question du radicalisme. Un plan complet qui traite des aspects et des origines sociaux, médiatiques, politiques et culturels du phénomène, mènerait finalement à un meilleur avenir.

Fadi ELHUSSEINI

Traduction‏ par Assia Akhras

1. Source: http://www.alquds.co.uk/?p=280471.

2. Source: http://www.france24.com/en/20150116-qatar-warns-prophet-cartoons-will-fuel-hatred/.

3. Source: http://time.com/3668875/pope-francis-charlie-hebdo/.

4. Source: http://www.bbc.com/news/world-europe-30808284

5. This applies for the Majority of Muslims- the Sunni Sect.  As per Shiites, they have always a religious reference- mainly in Iran.

6. Source: https://www.middleeastmonitor.com/news/europe/16277-ex-prime-minister-calls-isis-deformed-child-of-arrogant-western-policy.

7. Source: http://www.youtube.com/watch?v=kKHtE5COpQo.

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