Palestine: Dans la recherche de moyens, le pari sur la chute de l’ennemi peut-il être une des alternatives?

upa-admin 09 Ağustos 2016 1.591 Okunma 0
Palestine: Dans la recherche de moyens, le pari sur la chute de l’ennemi peut-il être une des alternatives?

En Palestine, le désaccord est continu entre les deux écoles opposées idéologiquement. Pour la première école, il n’y a pas d’autre solution que les négociations (en panne à la base) et les moyens pacifiques, tandis que la seconde lève la bannière de l’action armée même si elle ne la pratique pas.

Tandis que tous sont dans l’attente de la conclusion d’un accord sur la base d’une vision nationale commune, il prévaut une atmosphère pessimiste dans la région arabe suite au printemps arabe et à la désintégration, la fragmentation et les tragédies qu’il a engendré et qui ont eu de lourdes conséquences sur toute la question palestinienne. Il apparaît cependant que les cieux nuageux, promettent l’arrivée de pluies proches libérant le contenu des coeurs. Il est arrivé un parti en effet qui sans le savoir sert la cause palestinienne; il porte une idée, poursuit un rêve et appelle au changement: Netanyahu et son gouvernement de droite.

Dans la recherche d’alternatives, une évaluation des transformations sociales au sein de l’état d’occupation influençant sa position internationale est nécessaire. En examinant les positions d’écrivains et d’analystes israéliens et étrangers, et en rencontrant beaucoup d’amis Européens et Américains, il apparaît clairement qu’un changement sans précédent de la vision du monde envers Israël, s’est opéré.

Netanyahu, qui a effectué le deuxième plus long mandat en tant que Premier ministre d’Israël après Ben Gourion, ne croit pas l’option d’un état palestinien réalisable et s’était opposé à l’Accord d’Oslo pensant que ce conflit est une réalité permanente dont on peut traiter avec ou qui peut être administré mais ne pouvant pas être résolu. Le pouvoir actuel de Netanyahu sur Israël constitue une période de transition qui met fin à la période de la vieille garde de Ben Gourion qui comptait des hommes politiques comme Rabin, Sharon, wiesman  et même Ya’alon (démissionnaire) ou Barak (qui a commencé récemment à quitter la scène politique),  tous des noms ayant laissé des empreintes claires dans l’histoire israélienne.

Il est  vrai que Netanyahu a occupé plusieurs postes militaires d’abord comme officier dans l’unité de commando spéciale (les renseignements du  commandement général), il est arrivé au rang de capitaine et a participé à un certain nombre d’opérations militaires comme la guerre d’usure et la bataille de “Karama” en Jordanie en 1968; il a participé à l’opération “albédaya” au Liban la même année ainsi qu’à l’opération de l’aéroport de Lod en 1972 durant laquelle il fut blessé à l’épaule et dont Barak était le commandant. Cependant, Netanyahu n’a pas atteint un rang militaire majeur comme celui de chef d’état-major et n’a pas réalisé ne serait ce qu’une partie de ce qui a été réalisé par la vieille garde qui ont participé à des batailles et ont servis et commandés  durant de longues années l’armée d’occupation et son commandement général.

Ajoute à ceci ses absences fréquentes de la scène politique qui lui ont fait perdre beaucoup des avantages qui ont caractérisé la vieille garde, à commencer par ses études à l’Institut de MIT (de Massachusetts Institute of Technology) aux États-Unis d’Amérique puis le master, ensuite son travail à Boston en tant que conseiller économique jusqu’en 1978 lorsque son frère fut tué durant l’opération d’Entebbe en Ouganda ce qui le ramène en Israël, ensuite il quitte en 1984 pour servir de représentant d’Israël aux Nations unies, sa dernière sortie étant vers le secteur privé après sa défaite aux élections de 1999 devant Barak jusqu’à ce qu’il revienne de nouveau en 2002.

Bien que ces absences fréquentes ont fait perdre à Netanyahu certains des facteurs lui permettant de résister à la concurrence politique, il conserve cependant son ambition non seulement dans le leadership d’Israël, mais aussi dans sa volonté de le transformer conformément à la vision qu’il a échoué à appliquer lorsqu’il a assumé la fonction de plus jeune Premier ministre de l’après-guerre, en 1996. La vision de Netanyahu concernant Israël s’oppose à celle de Ben Gurion et de sa vieille garde, libérale et de gauche, pour laquelle l’alignement à gauche d’Israël et sa laïcité lui ont fait gagné l’acceptation et l’amitié de beaucoup de dirigeants dans le monde entier. Ainsi, Ben Gourion n’accordait pas beaucoup d’importance à la religion, pensant qu’elle allait à l’encontre de la modernité de l’Etat. Netanyahu fut influencé par la vision de Begin, le national conservateur et le vrai fondateur de la droite israélienne et qui a commencé sa carrière dans le gouvernement israélien en s’alliant aux partis religieux, écartés auparavant, en construisant des colonies en Cisjordanie et en accordant des avantages, des privilèges puis des concessions et en encourageant l’enseignement des groupements religieux en Israël.

Alouf Ben, le rédacteur en chef du journal Ha’aretz rapporte dans un article publié dans le Foreign Affairs que Netanyahu aspirait à poursuivre la révolution inachevée de Begin. Dans un entretien avec le journal Haartz, en 1996, Netanyahu a exprimé son ressentiment envers les tentatives de la vieille garde de lui retirer sa légitimité, ajoutant que le problème résidait dans le fait que l’infrastructure intellectuelle de la société israélienne, est non équilibrée, soulignant le besoin de créer de nouvelles institutions conservatrices et de reformuler la culture nationale en Israël. Ainsi considérait Netanyahu comme un homme politique uniquement est une description incomplète, il est un homme politique qui porte une certaine vision d’Israël, de ses institutions et de son avenir.

Netanyahu a échoué dans la réalisation de ses objectifs durant la période de sa présidence entre 1996-1999. Barak et Sharon ont refait surface et leur retour a contribué à la reprise du modèle traditionnel, le modèle de gouvernance de Ben Gourion. Après une période de retraite, Netanyahu revient endossant le manteau de la modération. Il occupe le ministère des Finances dans le gouvernement de Sharon en 2003 et l’occasion lui ai alors offerte de  réaliser ce qu’il a échoué à réaliser dans le passé avec la démission d’Olmert en 2008, suite à une affaire de corruption.

Le retour de Netanyahu s’est accompagné de nouvelles données la première étant l’expérience politique qui lui manquait lorsqu’il conduisait le gouvernement; il a ainsi exprimé son acceptation de l’idée d’un état palestinien en échange de la reconnaissance du judaïsme de l’état d’Israël. Deuxièmement  l’apparition d’une nouvelle plate-forme médiatique, le journal “Israël aujourd’hui” devenu une plate-forme de propagande en faveur de Netanyahu qui loue ses “accomplissements” et attaque ses adversaires; troisièmement, le déclin du rôle de l’opposition de gauche à l’intérieur même du likoud et la quatrième transformation étant celle de la rue israélienne qui tend désormais vers la droite spécialement après le prétendu printemps arabe. Toutes ces données ont enlevé tout prétexte à Netanyahu d’endosser le manteau de la modération et d’oeuvrer à la réalisation de la paix avec les Palestiniens.

Selon Alouf Ben,  avec ces développements, les circonstances sont désormais favorables à la réalisation de la vision de Netanyahu, ce dernier commence alors à montrer son vrai visage ce qui a grandement contribué au renforcement de sa popularité dans la rue israélienne, largement à droite désormais. Comme l’a fait Begin dans le passé, les préparatifs de Netanyahu s’achèvent avec une alliance “idéologique” avec de petits partis partageant sa vision dans la reconstruction de l’infrastructure communautaire et institutionnelle d’Israël. La boucle est bouclée lorsque Lieberman rejoint cette coalition qui se forme et qui se trouve être la coalition la plus à droite identifiée en Israël, conformément aux observateurs étrangers.

Le gouvernement Netanyahu a désormais le contrôle sur le déroulement des événements et sa vision de transformer la communauté et les institutions vers un état Israélien juif, de droite et conservateur est désormais prête à être appliquée. Le gouvernement commence par nommer des maires et des religieux dans toutes les institutions de l’État, en se concentrant sur les fonctions sensibles comme les ministères, la justice, l’éducation et dans les universités, il s’applique ensuite à promouvoir la culture Sefardim et s’est dépêché d’offrir des primes aux groupes religieux négligés dans le passé et de prendre des décisions en vue de modifier les programmes éducatifs conformément à l’extrémisme que promeut Netanyahu. Ce gouvernement encourage le mouvement des colons vers la Cisjordanie occupée, attaque le camp de la paix et leurs partisans en les qualifiant de cinquième colonne, toutes ces politiques visant à renforcer et augmenter la popularité du régime religieux conservateur, à renforcer la nouvelle pensée conservatrice et à encourager le soutien à ses politiques extrémistes.

Parce que Netanyahu et ses camarades voient dans le pluralisme culturel une menace existentielle, le gouvernement israélien a démontré une grande dureté dans le traitement des citoyens et des membres arabes de la Knesset. Désormais est arrêté n’importe quel citoyen arabe qui s’oppose à la politique du gouvernement, spécialement ses opérations militaires contre la bande de Gaza et menace de renvoyer de leurs emplois quiconque démontre de la sympathie envers les Palestiniens sur les réseaux sociaux. Le Gouvernement s’attelle à diminuer le rôle du pouvoir judiciaire et de la Knesset ainsi que la capacité exécutive du gouvernement. Ce Gouvernement a présenté dès projet de loi racistes (non approuvés encore) à la Knesset permettant d’écarter n’importe quel membre (arabe bien sûr) qui soutiendrai ce qu’il considère comme terrorisme ou qui refuserai la judéité d’Israël ou encore pour incitation raciale et condamne toute association des droits de l’homme recevant plus de la moitié de son budget de gouvernements étrangers, qualifiant les organisations non gouvernementales de gauche “d’agents étrangers” ; une autre décision double la peine d’emprisonnement pour celui qui brûlerai le drapeau israélien. Il n’est pas étrange alors que beaucoup d’organisations des droits de l’homme et d’institutions humanitaires commencent à quitter Israël ou gèlent leur action comme il est arrivé avec l’organisation betselem.

Les conséquences de l’exécution du jeune homme blessé, Abdul Fattah Al-Sharif sont les meilleurs témoins des transformations sociales que connaît Israël. Un sondage effectué en Israël donne 68 % d’Israéliens soutenant l’acte d’exécution alors que 57 % ont vu que le soldat incriminé ne devrait pas être jugé. L’ancien ministre de la Défense Nationale Ya’alon, de gauche à l’origine, semble n’avoir endossé l’étiquette de droite que pour arriver à ses fins. Ce dernier a toujours cru à l’importance de la laïcité de l’état d’Israël et à la suprématie du droit – selon Alouf Ben – qui le décrit comme le dernier héritier de la vieille garde. Ya’alon a fait face à une critique aiguisée dans les réseaux sociaux pour avoir tenu à enquêter sur l’incident de l’exécution du jeune Al-Sharif, il décide de démissionner lorsque Netanyahu a porté un soutien public à ses détracteurs et déclare: “J’ai combattu  de toutes mes forces l’extrémisme, la violence et l’intolérance qui menacent la cohésion de la société israélienne.”

Alon Ben Meir, ancien homme politique affirme dans une lettre qu’il écrit à Netanyahu: “la cohésion sociale en Israël commence à se fissurer et Israël est aujourd’hui à un tournant historique, après être devenu un État paria, isolé internationalement et assiégé de murs et de barrières, banni par les amis et maudit par les ennemis”. Ben Meir s’interroge sur l’avenir incertain d’Israël, qui commence à se fragmenter sous la direction de Netanyahu et de ministres qu’il décrit comme des extrémistes corrompus qui n’hésitent pas à montrer leur hostilité envers les Palestiniens, à étouffer la liberté d’expression et à se moquer des institutions “démocratiques” en Israël.

Selon Ben Meir, Netanyahu n’a rien fait d’autre que tromper le peuple israélien et prétexter des craintes illusoires pour avaler de plus en plus de territoires Palestiniens, construire plus d’implantations et imposer plus de  contraintes à la population arabe en Israël. Ben Meir fait aussi état de la récession économique et de la chute du niveau de productivité à son plus bas niveau avec les membres de l’Organisation pour la Coopération et le Développement (l’OCDE) et de plus d’un million et 700 000 Israéliens vivant dans la pauvreté avec un creusement de l’écart entre les riches et les pauvres en Israël parallèlement à une chute de l’investissement étranger et du tourisme, particulièrement après le soutien croissant apporté aux campagnes de boycott d’Israël et à l’augmentation rapide du nombre d’immigrants.

Nous pouvons ainsi  affirmer que les réalisations de Netanyahu sont nombreuses durant son mandat. Les relations entre les communautés juives et arabes sont à leur niveau le plus bas et l’écart entre les citoyens israéliens se creuse. L’assistance continue accordée par le gouvernement à l’enseignement religieux au dépend des sciences “séculaires” a entraîné le recul scientifique d’Israël comparé à ce qui était réalisé dans le passé. Internationalement, le regard porté à Israël comme un État “démocratique” progressif et laïc est fini, le qualificatif juif précède désormais celui de “démocratique” dans les discours et les courriers des fonctionnaires d’Etat. Malgré le rapprochement de la Turquie et quelques pays dans la région avec Israël, cette relation ne peut être décrite comme une alliance stratégique à long terme, mais comme une sagesse due à des circonstances conjoncturelles en vue d’intérêts précis et limitée dans le temps.

Ce qui est certain c’est que Israël a commencé à s’éloigner lentement de ses alliés traditionnels, le soutien politique des États-unies à Israël est désormais incertain avec les différences de points de vue envers plusieurs questions ainsi que les critiques ou même les insultes qu’Israel n’hésite pas à proférer contre n’importe quel officiel américain qui ose critiquer les politiques d’Israël. Il en est de même avec les Européens qui commencent à s’impatienter face à l’intransigeance d’Israël, particulièrement en ce qui concerne la colonisation et il est désormais normal de voir les européens appeler à  punir Israël, après qu’ils aient décidé l’étiquetage des marchandises provenant des colonies. le désaccord entre les européens et les israéliens ne s’arrête pas aux colonies mais beaucoup de capitales européennes se plaignent de l’intransigeance d’israël et commencent à douter de sa sincérité dans le processus de paix, particulièrement après le refus de l’initiative française. Au niveau de la rue en général, la popularité d’Israël a beaucoup reculé ce qui se reflète selon de nombreux observateurs dans le soutien croissant apporté aux campagnes de boycott d’Israël ainsi que dans l’augmentation des incidents antisémites.

De temps à autres une lueur d’espoir apparaît avec un succès diplomatique ou une reconnaissance nouvelle de l’état palestinien mais qui malheureusement disparaît vite avec le recul de la communauté internationale entraînant avec elle plus de frustration. Puis revient l’espoir à nouveau avec un progrès ou une percée politique unique et tout le monde pense que nous sommes sur la bonne voie.. Les cœurs se mettent à palpiter de joie et le bonheur se répand comme la joie d’une mère avec son nouveau-né  ou le bonheur d’un enfant le jour du Eid… Mais le navire de la politique vient toujours de loin… Chargé de nouvelles pour la plus part odieuses. Oui, la politique ne fait pas de cadeaux et ne laisse pas place à la justice après s’être faite prisonnière des intérêts. Ces espoirs apparaissent pour entrer en collision avec la dure réalité  lorsqu’elle entre en scène par le biais d’une chute à l’intérieur de la maison ou la déception d’un frère ou un ami. Ceci est l’histoire en Palestine, espoir suivi de déception, désaccord puis accord, différent suivi d’entente et c’est ce que nous vivons depuis de nombreuses années. Cependant n’est il pas dit “qu’avec la privation vient la facilité” car même s’il apparaît que la confusion règne chez l’ennemi ou que certains frères ou amis démontrent  une hésitation ou un recul, nous devons  espérer un avenir constructif, dont le premier accomplissement serait notre unité et la fin de la division dont nos ennemis nous ont fait l’éloge. Malheur à une nation qui a remplacé ses années de lutte glorieuse par la désintégration et la fragmentation qui ne peuvent entraîner que plus de souffrance et de délitement.

Dr. Fadi ELHUSSEINI

Traduction‏ par Assia al-Akhras

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