L’élection présidentielle en Turquie pour choisir le douzième Président de la République qui se déroulera pour la première fois au suffrage universel direct aura lieu en août. Le grand favori pour l’élection présidentielle en Turquie est le Premier Ministre Turc et le chef de l’AKP (Parti de la Justice et du Développement) Monsieur Recep Tayyip Erdoğan qui gouverne le pays avec un pouvoir croissant depuis 2003. Les deux autres candidats sont l’ancien secrétaire général et chef de l’Organisation de la Coopération Islamique Monsieur Ekmeleddin İhsanoğlu qui a été annoncé par le CHP (Parti Républicain du Peuple) et le MHP (Parti d’Action Nationaliste) et Monsieur Selahattin Demirtaş qui est le candidat du BDP (Parti Pour la Paix et la Démocratie).
La Turquie a eu 11 Présidents de la République jusqu’à présent. Même si le système politique Turc est encore proche du système parlementaire, le poste du Président de la République est beaucoup plus qu’une autorité symbolique en Turquie pour des raisons culturelles et administratives. Premièrement, vu comme le commandant en chef, le poste du Président de la République est culturellement très important pour les Turcs. En supplément, la constitution de la Turquie attribue au Président des pouvoirs assez importants pour les nominations dans la bureaucratie. Jusqu’aujourd’hui les élections pour le poste du Président de la République étaient faites par le Parlement.
Parmi les Présidents de la République en Turquie jusqu’à présent, il y a eu 6 présidents d’origine militaire (Mustafa Kemal Atatürk, İsmet İnönü, Cemal Gürsel, Cevdet Sunay, Fahri Korutürk et Kenan Evren), deux civiles (Celal Bayar, Ahmet Necdet Sezer) et 3 politiciens (Turgut Özal, Süleyman Demirel, Abdullah Gül). L’élection d’Atatürk et d’İnönü étaient plus faciles comme ils étaient devenus des héros nationaux à cause de la Guerre d’Independence (1919-1922). Après le passage au système démocratique, en 1950, Celal Bayar est devenu le premier Président de la République civile. Après le coup d’état en 1960, les soldats ont dominé la scène politique encore une fois. Les 4 suivants Présidents de la République (Cemal Gürsel, Cevdet Sunay, Fahri Korutürk, Kenan Evren) étaient tous d’origine militaire. Monsieur Evren a déterminé les pouvoirs du Président de la République après le coup en 1980 spécifiquement pour lui-même et est devenu le septième chef de l’état.
Après Evren, Turgut Özal est devenu le premier Président de la République avec un background politique. Süleyman Demirel a remplacé Özal après sa mort inattendue. L’identité politique et idéologique était un problème pour Özal mais Demirel a réussi à être neutre et su s’adresser à tous les segments du pays. Après Demirel, l’ancien chef de la cour suprême Ahmet Necdet Sezer a été élu par le Parlement en tant que dixième Président de la République. En 2007, après une crise politique assez sévère, Abdullah Gül a été élu le onzième Président de la République. Gül était une figure politique mais il a réussi à tourner le dos à la polarisation de la société contrairement à Erdoğan. Maintenant pour la première fois les électeurs Turques vont choisir le Président de la République directement.
Selon la constitution, le poste du Président de la République doit être impartial et ne doit pas avoir de tendance idéologique afin de représenter tout le pays. Mais Erdoğan et Demirtaş sont des candidats très idéologiques et ils s’identifient à des choix de politiques précises. Erdoğan est Islamiste et Demirtaş est nationaliste Kurde. C’est pourquoi le seul candidat convenable à la constitution est Monsieur İhsanoğlu qui essaie de s’adresser à tous les citoyens du pays. Mais Erdoğan est un génie de la politique populiste et il sait très bien comment polariser le peuple Turc et prendre les votes de la majorité. De ce fait, Erdoğan est le grand favori avant l’élection. Si Erdoğan gagne, il essayera de transformer le système politique Turc en un modèle présidentielle ou semi-présidentielle. Mais avec la constitution existante qui envisage un système parlementaire, le système va devenir beaucoup plus complexe et sera ouvert à de nouvelles crises politiques.
Dr. Ozan ÖRMECİ