L’élection générale qui se déroulera en Turquie en juin 2015 n’est pas seulement important en raison d’absence d’une autre élection jusqu’à 2019, mais aussi pour l’ambiance confortable qu’elle pourra créer en faveur du Parti de la Justice et du Développement (l’AKP) afin de transformer le système politique de la Turquie en régime présidentielle.
Le Président de la République de Turquie, Monsieur Recep Tayyip Erdoğan plaide le système présidentiel en Turquie. Mais son parti, sauf entre les années 2002-2007, n’a jamais eu l’avantage de contrôler 2/3 de la majorité du parlement turc, c’est une règle nécessaire pour qu’un parti puisse changer la constitution à lui seul. Toutefois, deux nouveaux évènements politiques qui ont eu lieu en Turquie peuvent aider Monsieur Erdoğan et son parti (dorénavant dirigé par le nouveau Premier Ministre turc Monsieur Ahmet Davutoğlu) à changer le système semi-présidentiel apparent (de facto) en un système complètement présidentiel comme les Etats-Unis ou en un system semi-présidentiel constitutionnel comme la France.
Le premier évènement politique récent dans le pays est la décision du Parti Démocratiques des Peuples (HDP), le parti des nationalistes Kurdes, de se présenter aux élections en tant que parti à la place de ses candidats indépendants. C’est un geste politique courageux pour les kurdes mais si on considère que la Turquie emploie toujours le seuil électoral de % 10 décourageant les partis petits et localisés, c’est assez risqué. A cause de cette décision, le Parti de la Justice et du Développement peut doubler ses sièges dans la région de l’Anatolie du sud-est et peut obtenir facilement jusqu’à 340-345 sièges dans le parlement.
D’autre part, le deuxième évènement politique récent dans le pays est la fondation d’un nouveau parti politique laïque et Kémaliste au centre, intitulé « Parti Anatolien », par un ancien membre de la Parti Républicaine du Peuple (le CHP), Madame Emine Ülker Tarhan. Madame Tarhan et son parti peut diminuer les votes du CHP et aussi du MHP (le Parti d’Action Nationaliste) et inconsciemment aider Monsieur Erdoğan à consolider la majorité de l’AKP dans le parlement. Mais la récente crise politique entre Erdoğan et la communauté islamique de Monsieur Fethullah Gülen est un problème pour l’AKP qui aura du mal à consolider la majorité dans le parlement si les membres du mouvement de Gülen ne votent plus pour l’AKP.
Dans ce contexte, on peut aussi discuter des avantages d’un système politique basé sur le présidentialisme en Turquie. Ce sujet est comme une discussion taboue dans le pays car il y a trop de préjudices contre le sécessionnisme kurde et les partis islamistes. Mais en vérité, nous avons été témoin dans les années dernières d’une Turquie qui n’a pas su protéger son system unitaire et laïc dans un model parlementaire et le pays pourra avoir plus de chances en vue de protéger ces qualités dans un model présidentiel. A ce sujet-là, le CHP et le MHP sont consternés car leurs administrateurs pensent qu’ils ne pourront jamais obtenir 50 % dans un système présidentiel. Mais en fait, le nouveau système peut canaliser ces deux partis à s’unifier ou au moins faire un pacte électoral. Lors de la dernière élection présidentielle, Monsieur Ekmeleddin İhsanoğlu, le candidat de ces deux partis, avait rapporté 40 % des votes, un record pour le CHP en comparaison avec l’époque de Bülent Ecevit qui avait obtenu 41 % des votes en 1977. Le CHP et le MHP peuvent avoir plus de chances de battre Monsieur Erdoğan dans ce système, s’ils tentent de collaborer et de trouver des candidats éminents comme Monsieur İhsanoğlu. Dans le model turc d’aujourd’hui, Monsieur Erdoğan a d’avantage de possibilité à contrôler le parlement en même temps que le gouvernement, mais dans un system présidentiel, il n’aura plus la possibilité de contrôler le parlement.
Les régions géographiques de la Turquie
Concernant le system présidentiel, le deuxième problème est le sécessionnisme kurde. D’autre part, dans un système présidentiel bien mis au point, finalisé et sous garanti, le sécessionnisme kurde s’affaiblira au lieu de se fortifier. L’état turc aura plus de confidence en soi pour lutter contre les organisations terroristes et il est possible que la majorité des kurdes supporte l’état après être passé à un system présidentiel qui prévoit des parlements locaux dans les provinces. La Turquie est déjà composée de 7 régions géographiques, elles peuvent être prises en considération lors du passage du système unitaire au système fédéral. La politique étrangère et des sujets de sécurité peuvent être attribués au gouvernement fédéral à Ankara, et les autres sujets pourront être menés par les parlements locaux. Avec ce système, la Turquie peut aussi avoir une possibilité d’élargir ses territoires par le biais des referendums démocratiques qui pourront être organisés dans les régions sujettes à des polémiques tel que la République de Chypre du nord et le Kurdistan.
Le système présidentiel ne sera pas un cauchemar pour la Turquie à condition que le system soit rigoureusement mis en point en vue de protéger les qualités de la république kémaliste telle que la laïcité et la démocratie. Par contre, les désirs islamistes de Monsieur Erdoğan continuent à créer des problèmes de confidence entre les partis politiques.
Dr. Ozan ÖRMECİ