François Hollande a effectué une visite en Turquie du 27 au 29 janvier. Cette visite officielle a été la première depuis celle de François Mitterrand en 1992. Entre ces deux visites Nicolas Sarkozy aussi s’était rendu à Ankara en 2011, par contre seulement quelques heures afin de préparer le sommet du G20 qu’il présidait. Connaissant les idées de Sarkozy relative à l’adhésion de la Turquie dans l’Union Européenne, cette courte visite n’avait pas satisfait le premier ministre de l’État Turc Recep Tayyip Erdoğan et l’avait pris comme un mépris de la France.
Le chef de l’État Français, était accompagné de Laurent Fabius (Affaires étrangères), Arnaud Montebourg (Redressement productif) ou Jean-Yves Le Drian (Défense) et d’une quarantaine de responsables économiques et d’entreprises. Les médias français interprètent l’arrivée de Hollande à Ankara comme une initiative pour renouer les liaisons entre les deux pays. Selon l’Élysée la visite à pour but de «sortir de l’impasse dans laquelle la France à l’époque avait conduit cette relation» et d’une «relation bilatérale qui s’était dégradée et révélée particulièrement inefficace». François Hollande souhaite montrer à la Turquie qu’il ne sera pas comme Nicolas Sarkozy et qu’il est même favorable à l’ouverture de certains chapitres concernant l’adhésion de la Turquie dans l’Union Européenne dont les négociations sont bloquées depuis trois ans.
Gül et Hollande
Le président Français parait assoupli contrairement à son prédécesseur pour l’ouverture du chapitre 22 de “l’acquis communautaire portant sur la politique régionale”, lequel pouvant être un tournant pour le conflit Kurde. Néanmoins, l’adhésion de la Turquie à l’EU reste un sujet délicat. Selon un sondage de l’IFOP (Institut français d’opinion publique) publié la semaine dernière, 83% des Français se déclarent être contre l’entrée de la Turquie dans l’EU. En somme, la France encourage la Turquie dans son développement en matière de respect de l’État de droit, d’indépendance de la justice et des droits de l’homme mais trouve trop précoce son entrée à l’UE.
Outre le conflit chypriote qui bloque l’ouverture de plusieurs chapitres de négociation François Hollande a rappelé à la Turquie un autre sujet qui pose problème à l’entrée de l’UE, son “travail de mémoire”. Le président Français a posé à son homologue Abdullah Gül la question de la reconnaissance du génocide Arménien sans prononcer le mot qui fâche: “Le travail de mémoire est toujours douloureux mais il doit être fait. Ce que nous avons à mener, c’est la réconciliation à travers la recherche de ce qui s’est produit et la reconnaissance de ce qui s’est fait” a-t-il déclaré. 2015 sera l’année où se tiendra la commémoration du centenaire de 1915. Il est clair que la France souhaite accélérer le processus de la réconciliation turco-arménien et la reconnaissance des actes des Ottomans par les Turcs.
Par ailleurs, le président Français a réservé une partie de sa deuxième journée aux rencontres avec les milieux d’affaires Turcs à Istanbul. La part de marché française en Turquie avait baissé de 6% à 3% sous la présidence de Sarkozy en raison des décisions politiques tels que le vote de lois reconnaissant le génocide arménien ou réprimant sa négation. La France souhaite aussi aujourd’hui se rattraper en matière des échanges commerciaux. L’année 2013 s’est bien conclue pour les Français qui ont signé 15 milliards d’euros de contrats en Turquie. Espérant une forte croissance dans les relations commerciales en 2014 d’autres accords seront signé dans les domaines du nucléaire civil et des infrastructures. Par ailleurs, les entreprises Françaises se prononcent sur un éventuel engagement de la Turquie dans la lutte contre les contrefaçons.
Lors de son déplacement en Turquie, Hollande a du faire un discours sur le taux de chômage en France qu’il espérait voir baisser en fin 2013. “Nous n’avons pas réussi dans l’année 2013 à faire diminuer le chômage. Le chômage a augmenté de 2008 à 2012 d’un million et il a continué à augmenter encore en 2013, plus de 170.000. C’est beaucoup” a-t-il déclaré. Le président Français avait promis à ses citoyens de baisser le chômage et rétablir la croissance économique. Les Français ont du mal à faire confiance à leur président le moins populaire de l’histoire politique de la France.
Certains journaux Français se plaignent de la réputation de blagueur que s’est fait François Hollande lors de ses rencontres en Turquie et critiquent son penchant pour la plaisanterie. Les Français n’apprécient pas l’humour qui dérape parfois et sonne politiquement incorrect du président de l’État. Le faite qu’il a annoncé sa séparation avec sa compagne, Valérie Trierweiler, quatre jours avant son déplacement et qu’il a échoué a tenir sa promesse n’avait pas l’air de le troublé, remarque le journal Le Monde.
Gizem ARAZ