Les journaux et les chaines de télévision turques publient des nouvelles concernant deux nouveaux partis politiques qui sont en train de se composer ces derniers jours. C’est vrai que la performance économique faible du gouvernement après le coup d’état manqué de 2016 et les problèmes graves de la politique étrangère de la Turquie à cause de la guerre civile en Syrie sont les causes principales d’un nouvel appel politique dans le pays le mois dernier. De plus, le nouveau système politique de la Turquie (on dit que c’est un système présidentiel exécutif-Cumhurbaşkanlığı hükümet sistemi) possède l’appui de seulement la moitié du peuple. L’AKP a déjà perdu beaucoup de municipalités dans les élections municipales du 31 mars 2019 y compris Ankara et Istanbul. Lors de l’élection répétée à Istanbul, l’AKP a perdu contre le candidat de CHP (Parti républicain du peuple) Ekrem İmamoğlu avec une grande différence le 23 juin 2019. Dans ce cas, trois politiciens très connus et important ; le Président précédant de la République Abdullah Gül, l’ancien Premier Ministre et le Ministre des Affaires Etrangères Ahmet Davutoğlu et l’ancien Ministre de l’Economie Ali Babacan, font des préparations pour établir deux nouveaux partis dans la politique de droite et du centre. Si ça se matérialise, alors, le Président de la République Recep Tayyip Erdoğan et son parti l’AKP (Parti de la justice et du développement) peuvent avoir des difficultés dans la politique intérieure dans les mois prochains.
Les trois opposants à Erdoğan : Ahmet Davutoğlu, Abdullah Gül et Ali Babacan
La première initiative pour un nouveau parti politique est organisée par l’ancien Ministre des Affaires Etrangères (2009-2014) et l’ancien Premier Ministre (2014-2016) de l’AKP Monsieur Ahmet Davutoğlu. Davutoğlu (60) est un professeur de science politique. Il était connu comme un intellectuel islamiste dans les années de 1990. Il a travaillé quelques années à Kuala Lumpur en Malaisie à l’Université Internationale Islamique de Malaisie. Après son retour en Turquie, il a enseigné des cours de science politique et relations internationales à l’Université de Marmara et l’Université de Beykent à Istanbul. Il a aussi écrit des colonnes dans le journal populaire islamiste Yeni Şafak. Il a publié son chef d’œuvre La Profondeur stratégique (Stratejik Derinlik) en 2001 et est devenu l’un des premiers penseurs géopolitiques en Turquie. Il a défendu une politique étrangère plus islamiste pour devenir un pouvoir régional. C’est pourquoi, il a été nommé comme un « Néo-Ottomane » (Yeni Osmanlıcı) même s’il n’a jamais accepté cette épithète. Il était devenu un conseiller fort du Premier Ministre Recep Tayyip Erdoğan quand l’AKP a gagné l’élection de 2002. Il a commencé à formuler et concrétiser la politique étrangère de la Turquie comme un conseiller avec sa vision « zéro problème avec les voisins » (komşularla sıfır sorun), une perspective stratégique qui envisageait plus de relations politiques, économiques, sociales et culturelles avec les pays autour de la Turquie comme l’Azerbaïdjan, la Syrie, l’Iraq, l’Iran, la Grèce et même l’Arménie. Le magazine populaire The Economist a caractérisé Davutoğlu comme « éminence grise » à cause de son pouvoir en 2007. Il est devenu le Ministre des Affaires Etrangères en 2009. Il a essayé de servir comme un intermédiaire entre l’Iran et les Etats-Unis -avec le Brésil- en tant que Ministre des Affaires Etrangères pour empêcher une crise politique concernant le programme nucléaire de l’Iran. Mais les développements politiques du Moyen-Orient et les vagues du printemps arabe ont obligé Davutoğlu à changer sa direction politique ; alors il a commencé à supporter les mouvements populaires et révolutionnaires contre les autocrates comme Hosni Mubarak et Bachar el-Assad. Davutoğlu d’abord était devenu très fort dans la politique turque pendant la guerre civile en Syrie. Erdoğan a décidé de choisir Davutoğlu comme le nouveau Premier Ministre en 2014 après qu’il soit devenu Président de la République. Mais le printemps arabe n’a pas produit de bons résultats pour la Turquie après l’intervention de la Russie en Syrie et l’émergence et la brutalité de DAESH. Alors Davutoğlu a démissionné en 2016. Après la vie politique active, il est allé au Japon pour donner des cours de relations internationales. Il a fait des préparations pour une nouvelle initiative politique. Après son retour, il a commencé à organiser des meetings en 2019. Il a récemment publié un manifeste politique pour critiquer l’AKP et le Président Erdoğan. Les observateurs politiques en Turquie disent qu’il va établir son parti politique conservatif bientôt. Davutoğlu est encore respecté et fameux en Turquie et il a un réseau fort dans l’académie et la politique. Mais devenir un leader de mouvement islamiste en Turquie quand Recep Tayyip Erdoğan est encore en scène n’est pas facile même pour Davutoğlu. Alors, Davutoğlu peut unifier son initiative avec l’initiative d’Ali Babacan et Abdullah Gül pour avoir plus de chances contre Erdoğan.
Ahmet Davutoğlu
La deuxième initiative pour un nouveau parti politique est organisée par l’ancien Ministre de l’Economie Ali Babacan avec l’appui du précédent Président de la République Abdullah Gül. Ali Babacan (52) a étudié à ODTÜ (l’Université technique du Moyen-Orient) à Ankara, l’une des meilleures universités en Turquie. Ensuite, il est allé aux Etats-Unis pour faire son master en « Kellogg School of Management » à l’Université Northwestern. Il a aussi travaillé aux Etats-Unis en QRM, Inc. à Chicago, Illinois, une compagnie de consultance financière. Après son retour en Turquie, il a établi une association de textile et a dirigé cette association entre 1994 et 2002. Il était devenu le Ministre de l’Economie quand l’AKP a gagné l’élection générale pour la première fois en 2002. Il a continué à appliquer le programme de Kemal Derviş et du FMI (Fonds Monétaire International) et a contribué à la croissance économique de la Turquie. Il était réputé comme le ministre le plus occidentale dans le cabinet. Les électeurs turcs d’autre part font ressembler Babacan à Adnan Menderes, l’ancien Premier Ministre de la Turquie (1950-1960). En 2005, il est nommé le négociateur en chef auprès de l’Union européenne. Il devient le Ministre des Affaires Etrangères aussi en 2007 pour remplacer Abdullah Gül qui était devenu le Président de la République. En 2009, il devenait le Ministre de l’Economie. Sa période à l’office comme Ministre de l’Economie était une réussite concernant les chiffres comme la puissance économique, le taux de chômage et l’inflation. Babacan était aussi assez doué de ne pas polémiquer avec les autres politiciens. Alors il a protégé sa réputation comme un homme d’état sérieux, prospère et aussi sympa. Après 2015, il a commencé à établir des distances avec son parti et son chef. Il a continué à défendre le système parlementaire et il a critiqué le nouveau système. Le 8 juillet 2019, il a quitté l’AKP en constatant de « profondes divergences » avec la direction du parti du Président Erdoğan. Après sa démission, il a entamé une initiative pour un parti politique centre-centre droit avec Abdullah Gül. Les journalistes turcs et internationaux disent qu’il va établir son parti en automne avec une équipe forte composée des anciens ministres de l’AKP.
Abdullah Gül et Ali Babacan
Quand on fait une analyse politique, je pense que ces deux initiatives ont assez de potentiel si l’économie de la Turquie ne se remet pas sur pied dans les mois prochains. Spécialement Babacan et Gül ont beaucoup de chances car ils ont assez de pouvoir dans l’AKP aussi contre Davutoğlu. Ils peuvent facilement déplacer des membres du parlement pour établir un groupe dans le parlement turc. Ils ont aussi le soutien des milieux financiers et des pays occidentaux. Davutoğlu a l’appui des islamistes concentrés à Konya, sa ville natale, mais je pense que ces deux initiatives doivent fusionner pour faire un effet fort dans la politique turque. Si ça se matérialise, le trio de Babacan-Gül-Davutoğlu peut créer une impression d’Emmanuel Macron et “En Marche!”. D’autre part, le Président Erdoğan va essayer d’empêcher ce trio en utilisant le pouvoir de l’état et sa force sur des peuples islamistes.